Qu’avons-nous à gagner à nous disputer ?


Certains couples se disputent pour des broutilles, d’autres ne se disputent jamais. Qui a raison et comment faire pour sortir du conflit ?

La dispute ne résout pas les conflits, elle les entretient. De plus – et cela nul ne l’avouera – elle apporte des bénéfices.

On se dispute parce que ça met du piquant dans notre sexualité

Certains bénéfices sont conscients : quand on se dispute, on se regarde (et au fond des yeux, même), on se parle (mal, mais on se parle), on vit des émotions fortes. À défaut d’échanger de l’amour, on échange des querelles. Et on en sort frustré, parce que tout ce qu’on aurait souhaité, c’est être pris dans les bras, être compris, reconnu par celui qu’on accuse ou qui nous accuse. À moins de voir dans la dispute un prélude aux ébats amoureux. À moins de prononcer intentionnellement le mot (le geste) de trop qui donnera le coup d’envoi à un duel sur matelas (machine à laver, parquet ou autre). Attention toutefois aux critiques indélébiles…

On se dispute parce qu’il/elle ne fait pas attention à moi

D’autres bénéfices sont inconscients : en se disputant, on se conforte dans notre rôle de sauveur, de persécuteur ou de victime. Rôles interchangeables durant le temps de la dispute. Exemple :

Je t’accuse d’être tout le temps en retard (je suis persécuteur), tu souffles de découragement (tu es victime) et t’éloigne et disant que je ne suis jamais content(e) (tu deviens persécuteur), que je n’ai qu’à trouver un travail (je deviens victime). Je me mets à pleurer en disant que ce n’est pas de ma faute s’il n’y a pas d’offres dans la région et m’éloigne à mon tour en silence. Tu prends pitié de moi, viens me chercher pour me prendre dans tes bras en me disant « désol… », mais je te lance « C’est trop facile ! C’est à cause de toi si je m’ennuie dans cette région ! » (je redeviens persécuteur), etc., etc. C’est le cercle vicieux de la dispute. La soirée risque d’être houleuse.

Les disputes de ce type sont une façon de prendre du pouvoir sur l’autre. (Oui, oui, même quand on est victime). Mais surtout, une fois la dispute terminée, on se conforte dans nos croyances négatives. On se dit :

« De toute façon, c’est toujours comme ça avec les hommes/les femmes » ; « Décidément, je ne suis pas aimable » ; « Jamais je ne trouverai quelqu’un qui me comprenne ». Et le fameux « Personne ne m’aime ».

En somme, on gagne dans la dispute tout le contraire de ce qu’on voudrait obtenir, mais qu’on ne s’autorise pas. Soit qu’on n’a pas été éduqué à verbaliser ses émotions, en disant « Quand tu… / Je me sens…/ Parce que j’ai besoin…/ Alors je te demande de…/ Est-ce que tu veux bien ? » Soit qu’on reste emprisonné dans un schéma familial. On rejoue alors ce schéma à travers nos malentendus (mal-entendu) et leurs effets. Si Papa préférait nous serrer dans les bras dès qu’on exprimait une colère, on détestera être pris(e) dans les bras car on le vivra comme une tentative de nous faire taire.

On se dispute parce qu’il/elle me sollicite trop

Si Maman nous disait « t’es tellement mignon(ne) quand tu es en colère ! », on risquera d’étouffer cette colère et de la substituer par un autre sentiment. Ou encore, si l’un de nos parents nous disait « Baisse les yeux quand je te parle ! » (l’apprentissage de la soumission…), on mettra un point d’honneur à dominer une dispute.

On se dispute pas, on dialogue.

Pour en sortir, autorisons-nous à défaire les nœuds affectifs qui nous parasitent la vie (et la vie de couple), prenons la responsabilité de nos émotions et disons-nous ce qui nous tracasse, nous chagrine, nous perturbe. Et, pour équilibrer tout ça, disons aussi à notre conjoint ce qu’on aime chez lui, ce qu’on lui reconnaît comme qualités, ce qu’on lui propose comme projet.

Prune Quellien

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