Comment aider son conjoint à consulter


Existe-t-il une phrase magique ou un bon comportement pour décider un conjoint à « voir quelqu’un » ? Peut-être.

Nb : Cet article a illustré le dossier « Comment inciter un proche à voir un psy » du Psychologies magazine de juillet 2017.

 

J’entends très souvent (pour ne pas dire toujours) des femmes se plaindre que leur conjoint refuse strictement de voir un psy. Que doivent-elles faire, alors ? Devenir leur psy ? Les harceler ? Leur faire du chantage ? Rien de tout ça, au contraire. Tant qu’ils se sentiront obligés de consulter, ils resteront dans leur obstination.

Voyons ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il est recommandé de faire pour motiver votre mari, votre amoureux, bref votre conjoint, à entreprendre un travail sur soi, avec ou sans vous :

« Je vais te quitter si ça continue »

Inutile. Les menaces de séparation n’auront pas d’effet si elles ne sont pas suivies d’une séparation. Lorsqu’on souffre depuis trop longtemps et qu’on se limite aux mots, on enseigne au conjoint que la situation ne changera pas parce qu’on a peur de le quitter. Cette décision nécessite de rassembler tout votre courage, mais elle s’avère payante bien souvent.

Concrètement, quels mots prononcer ? Par exemple :

« La dernière dispute a été trop douloureuse pour moi. Je t’aime, mais je ne peux pas tout supporter seul(e). Je vais prendre rendez-vous avec quelqu’un dont c’est le métier d’aider au changement des personnes, parce que moi aussi, j’ai besoin d’aide. Et en te faisant aider, tu m’aideras. Ce n’est pas mon rôle de comprendre pourquoi tu es comme ça, et je ne veux pas que ce le soit. Je ne veux pas être ton (ta) psy.

Je vais donc chercher une bonne personne, on ira ensemble pour la première fois et après tu iras tout seul(e)*. C’est ma condition pour que je continues la vie de couple avec toi. Si tu ne le fais pas, si tu n’y vas pas, je te quitterai. »

« La séparation est-elle définitive ? »

À vous d’amener votre conjoint à comprendre combien vous souffrez de son comportement et que c’est cette souffrance qui vous conduit à prendre une option aussi radicale. Je vous recommande de laisser le flou sur votre retour après séparation. Lui dire « on va se séparer pendant un moment » (ou de telle à telle date) aura autant d’effet que de ne pas séparer, puisqu’il n’aura qu’à patienter pour recommencer… et vous culpabiliser au passage de l’avoir laissé tomber. Le but est qu’il se prenne en charge seul.

« Parler de toi te plaira »

Inversons les rôles. Imaginez que vous soyez dans la peau d’une personne qui souffre, mais qui refuse de consulter parce qu’elle considère qu’elle n’est pas « malade » et qu’elle n’a pas besoin qu’un étranger trifouille dans son enfance pour la « soigner ». Vous verriez probablement d’un très mauvais œil que votre conjoint vous dise : « Tu as besoin de voir un psy ! ».

Or, votre point de vue changera si on vous parle en vous disant :

« C’est ta responsabilité envers nous deux. Tu as le droit de ne pas apprécier la personne que je te propose, et en changer, mais si tu veux que je reste avec toi, tu dois poursuivre une thérapie. Tu verras que parler de toi te plaira. Tu t’apercevras qu’avoir quelqu’un qui est consacré à t’écouter entièrement est très plaisant. »

« Comment trouver un bon psy ? »

D’abord, il faut faire le tri dans la « tribu des psys ».

Les psychologue cliniciens ont une formation théorique complète à l’université (Master 2) et ont suivi des stages qui ont validé leur diplôme de psychologues. Ils ont, pour la plupart, suivi d’autres formations complémentaires.

Les psychiatres sont médecins, avant tout. Mais peuvent être et psychanalystes et/ou psychothérapeutes.

Les psychothérapeutes :

« Décret n° 2010-534 du 20 mai 2010 relatif à l’usage du titre de psychothérapeute :

Article 1 • L’inscription sur le registre national des psychothérapeutes est subordonnée à la validation d’une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et d’un stage pratique d’une durée minimale correspondant à cinq mois effectué dans les conditions prévues à l’article 4. 

L’accès à cette formation est réservée aux titulaires d’un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d’exercer la médecine en France ou d’un diplôme de niveau master dont la spécalité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse. »

Les psychanalystes ont suivi une cure psychanalytique avant de recevoir des analysants. Ils sont formés par une société de psychanalyse ou un école psychanalytique et sont supervisés au début de leur pratique. Ils doivent poursuivre des recherches cliniques et théoriques avec d’autres analystes pour compléter leur formation. Nombreux sont issus de l’université.

Les coaches sont là pour les personnes qui « vont bien » (pour dire vite), mais n’ont pas fonction à soigner la santé mentale. Ils vous aident dans vos choix quotidiens (tels qu’améliorer votre vie sentimentale ou reprendre confiance en vous, comme c’est mon cas). Leur formation est souvent de type PNL, accompagnement au changement. Pour ma part, j’ai une formation à l’université de niveau licence en psychologie. Lorsque je repère des signes de souffrance psychique dépassant le cadre des mon activité, je réoriente les personnes vers un psychothérapeute.

Les psychopraticiens n’ont pas de reconnaissance officielle puisqu’ils n’ont pas nécessairement suivi d’études universitaires en psychologie. Pourtant ils prétendent à soigner la santé mentale, donc il convient d’être prudent si vous optez pour ce type de thérapeute. Ils peuvent avoir suivi des formations privées, mais courtes. Seules les formations longues (plusieurs années) sont accessibles aux étudiants possédant, au minimum, un Master 1.

En bref.

Il y a des bons et des mauvais praticiens partout. Certains sont excellents en théorie, mais moins en pratique. Néanmoins, une base théorique est un atout non négligeable. Pour savoir si « le courant passe », n’hésitez pas à vous servir d’internet. Puis, une fois que vous avez repéré quelqu’un qui pourrait vous convenir, appelez-le et dites-lui ce qui vous amène à l’appeler. S’il se montre dispo et a une écoute active, c’est plutôt bon signe vu son métier ! N’hésitez pas à arrêter si vous ne vous sentez pas à l’aise avec cette personne. Trop de gens restent avec des thérapeutes parce qu’ils ont le sentiment que souffrir pendant les séances fait partie du travail… La thérapie doit progressivement vous tirer vers le haut.

*« seul », si vous estimez que le problème lui appartient, mais ne vient pas du couple. Sinon, poursuivez les séances ensemble. De toute façon, le praticien vous dira comment il voit les choses.

Prune Quellien

Cet article fait écho à votre histoire, mais des questions restent en suspens ? Vous pouvez prendre rendez-vous avec moi.

 

 

 

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